À l'exception de ses engagements pour mettre fin aux guerres au Moyen-Orient, le président élu Donald Trump ne dévoile pas les grandes lignes de son plan pour résoudre le conflit israélo-palestinien. Avant tout, il devra convaincre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son gouvernement de droite de mettre fin à la guerre contre Gaza et le Liban, et d'éviter le déclenchement d'un conflit à grande échelle entre l'Iran et Israël.

Aujourd'hui, le Moyen-Orient est très différent de ce qu'il était il y a quatre ans, lorsque Trump a quitté la Maison-Blanche. Deux guerres sont en cours à Gaza et au Liban, et les tensions entre l'Iran et Israël sont de plus en plus fortes. Ce qui suggère que la « Deal du siècle » proposée par Trump pendant son premier mandat n'est plus applicable.

Trump n'a jamais exprimé de soutien à la création d'un État palestinien indépendant. Au contraire, il est un fervent partisan des colonies et entretient des relations étroites avec Netanyahu, qui rejette catégoriquement l'idée de donner la moindre souveraineté aux Palestiniens, que ce soit en Cisjordanie ou à Gaza.

Les changements dans la région depuis le 7 octobre dernier inciteront-ils Trump à revoir sa position et à adopter une politique plus réaliste, prenant en compte le droit du peuple palestinien à l'autodétermination ? Il n'y a pour l'instant aucun signe de ce type de changement de sa part. En campagne, il a même déclaré qu'après avoir regardé la carte, il trouvait qu'Israël était trop petit et qu'il réfléchissait à comment l'agrandir ! Cette déclaration a suscité des inquiétudes, notamment celle qu'il puisse soutenir l'annexion de la Cisjordanie et de Gaza par Israël. Il a nommé Mike Huckabee ambassadeur des États-Unis en Israël, un homme qui refuse d'utiliser le nom « Cisjordanie », la qualifiant de « Judée et Samarie ».

Tout changement de position de Trump en faveur des Palestiniens pourrait le mettre en conflit avec Netanyahu, qui ambitionne d'annexer la Cisjordanie. Il privilégie désormais une approche consistant à ignorer la question palestinienne pour se concentrer sur la persuasion des pays arabes, notamment l'Arabie saoudite, à normaliser leurs relations avec Israël et à rejoindre les « Accords d'Abraham ».

Cependant, le prince héritier saoudien Mohammed ben Salman a réaffirmé lors du sommet arabe-islamique à Riyad lundi que la normalisation dépend de la création d'un État palestinien. Le sommet a également souligné la priorité de mettre fin à « l'extermination » à Gaza et a appelé à un cessez-le-feu immédiat au Liban, tout en apportant un soutien total au peuple palestinien et à l'État de Palestine. Cela souligne un fossé profond entre les positions arabe et israélienne. La question est de savoir comment Trump parviendra à combler ce fossé. Il pourrait finalement choisir de se détourner du Moyen-Orient et de laisser les choses telles qu'elles sont.

Une autre option serait que Trump soutienne fermement l'objectif de Netanyahu de rééquilibrer les forces et de ne pas revenir en arrière avant le 7 octobre. Cela signifierait soutenir les exigences du gouvernement israélien d'une nouvelle occupation de Gaza, de la reprise de la colonisation, et de l'annexion de 60 % de la Cisjordanie, rendant ainsi impossible la création d'un État palestinien viable.

Est-ce que ce second mandat de Trump sera différent du premier ? Il ne faudra pas attendre le 20 janvier pour le savoir.

Les préoccupations majeures de Trump concerneront probablement l'évitement de l'implication des États-Unis dans un autre conflit au Moyen-Orient. Ce point de vue « isolacionniste » est partagé par son vice-président élu, J.D. Vance, qui considère que les États-Unis ne devraient pas s'engager militairement contre l'Iran. C'est une vision qui s'oppose à celle de Netanyahu, qui envisage un Moyen-Orient redéfini après 13 mois de guerre à Gaza et au Liban, et l'intensification des frappes directes contre l'Iran.

Un point particulièrement important à souligner est que Trump a encouragé Netanyahu le mois dernier à frapper les installations pétrolières et nucléaires iraniennes, contrairement à son prédécesseur Joe Biden, qui a exercé de fortes pressions sur le gouvernement israélien pour éviter de frapper ces installations le 26 octobre dernier. Cependant, Trump a déclaré lors de son discours de victoire le 5 novembre qu'il « ne voulait pas nuire à l'Iran... à condition qu'il ne possède pas d'armement nucléaire ». Il a aussi exprimé lors de sa campagne son désir de conclure un nouvel accord nucléaire avec Téhéran, remplaçant l'accord de 2018 dont il s'était retiré.

Trump pourrait alors recourir à une politique de « pressions maximales » contre l'Iran pour la pousser à revenir à la table des négociations.

La vision de Netanyahu pour la région est un Moyen-Orient où l'Iran est une puissance sans programme nucléaire et sans influence au-delà de ses frontières, notamment en Irak, en Syrie, au Liban et au Yémen. Selon Netanyahu, les gains militaires réalisés contre « Hamas » et « Hezbollah » au cours de l'année écoulée lui permettent d'imposer un changement stratégique dans toute la région sans céder sur la question palestinienne.

Biden a sauvé Israël d'un échec majeur le 7 octobre 2023, sans parvenir à obtenir un cessez-le-feu en retour. Trump, dans son second mandat, ne sera probablement pas moins favorable à l'État israélien qu'il ne l'était lors de son premier, lorsqu'il a déplacé l'ambassade américaine à Jérusalem, reconnu la ville comme la capitale éternelle d'Israël, et coupé les financements aux Palestiniens, à l'UNRWA et à l'UNESCO, tout en reconnaissant la souveraineté d'Israël sur le Golan syrien occupé. Il a fait tout cela sans contrepartie.

Est-ce que ce second mandat de Trump sera différent du premier ? Il ne faudra pas attendre le 20 janvier pour le savoir.