Il y a deux types de guerres dans le monde aujourd'hui : celles qui font l'actualité et celles dont personne ne parle.
Ce que les deux types ont en commun, c'est que toutes les guerres n'ont cessé de violer les lois spécifiquement promulguées pour protéger les civils, notamment les Conventions de Genève de 1949.
Les civils ont rarement échappé au danger dans les guerres. Ils ont toujours été une cible facile pour les belligérants : le Japon s'est rendu après les deux bombes nucléaires américaines. La capitulation de l'Allemagne a été précédée d'un bombardement massif par l'aviation alliée qui a détruit ses villes. L'armée syrienne et ses alliés n'ont pas épargné les civils dans leurs bombardements terrestres et aériens avec des barils d'explosifs durant la guerre civile. Les forces russes n'ont pas pris en compte les centres urbains en Ukraine. Enfin, les forces israéliennes à Gaza ont tué environ trente-cinq mille personnes, pour la plupart des enfants, des femmes et des personnes âgées, et en ont blessé plus de soixante-quinze mille. Et le compte n’est pas encore arrivé à terme.
Les civils sont également pris pour cible par d'autres moyens, dont les plus importants sont le siège, la famine et l'appauvrissement. Cela ne se passe-t-il pas aujourd'hui à Gaza ? Cela ne s'est-il pas produit pendant la guerre en Syrie lorsque les deux belligérants ont assiégé des villages et des zones entières et ont bloqué le passage de la nourriture, de l'eau et des médicaments pour les soumettre ? Cela ne se produit-il pas au Liban depuis 2019 ? d’un jour à l’autre, les Libanais ont vu qu’ils s’étaient appauvris, leur épargnes pillées, et leur nouvelle pauvreté les a obligés d’accepter ce qu'ils n'ont jamais accepté.
Justification du ciblage des civils
Dans leurs récentes guerres, les grandes puissances militaires ont développé deux théories pour justifier le ciblage des civils, en particulier lorsqu'un adversaire ou un ennemi est classé comme un « acteur non étatique », ce qui s'applique à de nombreux groupes armés dans la région et au Liban.
La première théorie est la théorie de l’ « incapacité ou de la « réticence », qui est utilisée chaque fois qu'un pays s'abstient de frapper des groupes armés et des milices accusés par une grande puissance militaire de menacer sa sécurité et la sécurité de ses citoyens et de ses intérêts. C'est ce qui s'est passé en Syrie, par exemple, lorsque le gouvernement syrien s'est abstenu de frapper les groupes armés qui traversaient la frontière irakienne pour promouvoir une insurrection armée contre les forces américaines. Les États-Unis ont fini par frapper directement ces groupes sur le territoire syrien à la suite de la reluctance du gouvernement syrien.
La deuxième théorie est la théorie du « double usage » et permet de frapper tout ce qui peut être utilisé à des fins civiles et non civiles, comme l'industrie lourde, les centres médicaux, les lieux de culte, les dépôts de carburants, l’infrastructure de l'énergie... Cela élargit l'éventail des cibles même si des civils sont atteints par les bombardements.
Les forces israéliennes ont adopté la théorie du « double usage » consistant à détruire des cibles et des infrastructures civiles et à tuer des civils sous prétexte qu'elles servent de couverture au « Hamas terroriste » à Gaza et au Hezbollah dans le sud du Liban et dans la Bekaa.
Deux des guerres d'aujourd'hui sont interdépendantes : l'Ukraine et Gaza-Sud-Liban.
Les deux guerres interconnectées
Deux des guerres d'aujourd'hui sont interdépendantes : l'Ukraine et Gaza-Sud-Liban.
Les responsables ukrainiens affirment que la guerre de la Russie a commencé avec l' invasion du Donbass et de la Crimée en 2014 par les forces russes, et que l'attaque de Kiev il y a deux ans n'est qu'un autre cycle dans lequel le président russe Vladimir Poutine voulait accélérer la fin de la guerre en renversant le régime.
Depuis l'attaque du Hamas le 7 octobre 2022 et la réponse d'Israël à celle-ci, la guerre en Ukraine n’a plus figuré sur les premières pages des médias et la plupart des convois d'aide militaire américaine ont été interrompus. Les États-Unis ont concentré toute leur attention sur l'opération militaire israélienne à Gaza sans aucune tentative sérieuse d'empêcher Israël de riposter en détruisant et réduisant les centres urbains en décombres avec ou sans leurs habitants, et lui ont fourni un pont aérien de fournitures militaires et une couverture antimissile. La plupart des pays occidentaux se sont rangés du côté d'Israël en faisant pression pour empêcher la guerre de s'étendre à d'autres pays de la région, en particulier après que le Hezbollah ait ouvert le front du Sud-Liban pour soutenir Gaza sans consulter les Libanais, après que les Houthis au Yémen aient menacé la navigation dans le golfe d'Aden, et après que des factions armées affiliées à l'Iran se soient mis en action en Irak, avant l'intervention directe de l'Iran.
Quiconque observe l'évolution de la guerre en Ukraine ne peut que conclure que la férocité accrue d'Israël à Gaza s'est accompagnée de la férocité de la Russie en Ukraine. La préparation israélienne de l'invasion de Rafah s'accompagne de préparatifs russes pour ronger davantage de territoire ukrainien avant l'arrivée de l'aide militaire américaine.
Quiconque observe l'évolution des batailles en Ukraine et à Gaza s'arrête également à la destruction systématique des bâtiments résidentiels et des infrastructures civiles, et note que cette destruction n'est ni vaine ni gratuite.
Que signifie vider Gaza de ses habitants et détruire leurs maisons, leurs bâtiments, leurs magasins leurs lieux de travail et leurs ressources ?
Quand est-ce que les circonstances à Gaza vont revenir a ;a normale pour que sa population revienne ? Qui financera la reconstruction de Gaza et dans quel scénario la bande de Gaza sera-t-elle reconstruite ? La politique de vidage de Gaza de ses habitants n'est-elle pas un prélude à sa reconstruction en tant que grand rassemblement de centres commerciaux, de grandes entreprises, de stations touristiques internationales et d'extraction de gaz naturel de sa mer ? N'est-ce pas finalement l'achèvement du projet NEOM et un prélude au creusement du canal Ben- Gourion ?
Au Liban, que signifie cette destruction systématique des villages frontaliers abandonnés par la plupart d'entre de leurs habitants ? Qui indemnisera les habitants de ces villages pour leurs pertes ? Où trouveront-ils refuge après le pillage et l'appauvrissement qu'ils ont enduré ? Cette destruction n'est-elle pas un prélude à l'évacuation d'une bande frontalière d'une certaine profondeur ? Ensuite, qui remplacera les champs brûlés et contaminés par le phosphore et replantera des oliviers, du tabac et d'autres arbres et légumes dans ces zones frontalières ? N'est-ce pas la création d'une bande frontalière non déclarée ?
En Ukraine, qui empêchera les forces russes de ronger plus de territoire avant que les deux parties ne s'assoient à la table des négociations ?
En Ukraine, personne n'a encore osé crier victoire. À Gaza, Gaza a été perdue et le Hamas a « gagné » parce qu’« Israël « n'a pas atteint ses objectifs ». La question suivante donc devient légitime : Si Hamas a gagné, où sera la prochaine victoire et quelle région arabe [aira le prix ?