Lors d'un congrès sur le multilatéralisme organisé par le Forum des amateurs de culture russe à Moscou en février dernier, un changement notable dans le ton du discours officiel russe a été observé. Historiquement conciliante envers Israël, la Russie semble avoir adopté une position plus critique, voire hostile, comme en témoignent les remarques prononcées durant l'événement. Cette nouvelle orientation a surpris nombre d'observateurs, habitués à une politique russe plus modérée envers Israël durant les trois dernières décennies.

Le philosophe russe Alexandre Douguine a marqué le congrès par son discours tranchant contre le sionisme et Israël, lequel il accuse de contribuer à une guerre plus large menée par l'Occident contre le reste du monde. Cette rhétorique, inattendue au sein de l'élite russe, s'inscrit dans une série de prises de position plus larges de Moscou.

En effet, depuis les événements d'Al-Aqsa, la Russie a renforcé son soutien à la cause palestinienne, tout en critiquant fermement les actions d'Israël. Les déclarations du président Vladimir Poutine, comparant les actions d'Israël à Gaza au siège nazi de Leningrad, ont été particulièrement frappantes. Ces parallèles audacieux révèlent un alignement russe plus ouvert et critique envers Israël, contrastant avec la prudence historique de la diplomatie russe.

Au niveau international, le délégué russe Alexandre Nebenzia a également fait entendre sa voix contre Israël aux Nations Unies, n'hésitant pas à user du droit de veto contre les tentatives américaines de soutenir Israël par des résolutions. Cette posture plus assertive marque un tournant potentiel dans les relations internationales russes, soulignant une ère de diplomatie russe moins conciliante et plus engagée dans les dynamiques géopolitiques du Moyen-Orient.

Quels sont les véritables motifs qui poussent la Russie à adopter des positions aussi tranchées ? Est-ce uniquement en soutien à la cause palestinienne, jugée juste ? Il semble exister une autre dimension, spécifiquement russe, liée notamment au soutien d'Israël envers l'Ukraine dans le conflit qui l'oppose à la Russie. Selon les autorités russes, cette alliance n'est pas anodine : le président ukrainien Volodymyr Zelensky et dix de ses ministres possèdent également la nationalité israélienne, chiffre qui contraste avec la représentation juive de 1% dans la population ukrainienne.

Pour Moscou, ceci serait la preuve d'une domination du sionisme mondial sur le gouvernement ukrainien, perçu comme le fer de lance de l'Occident contre la Russie. En réponse, Moscou accuse Kiev de mener des politiques nuisibles au Moyen-Orient et en Afrique, exacerbant ainsi les tensions dans le conflit ukrainien. De plus, des rapports circulant dans les médias internationaux révèlent l'engagement secret des forces spéciales ukrainiennes et des services de renseignement dans des conflits mondiaux. Ils participeraient notamment à Gaza, soutenant l'armée israélienne contre les Palestiniens et le mouvement Hamas. Des vidéos diffusées par Al Arabiya attestent de cette participation, montrant des agents des services spéciaux ukrainiens aux côtés des troupes israéliennes.

Ces interventions auraient provoqué des pertes humaines considérables, non seulement parmi les Palestiniens mais aussi au sein des rangs des mercenaires, incluant des nationalités variées comme américaine, française et d'autres européennes. Ces développements soulèvent des questions sur l'implication internationale et les conséquences des politiques étrangères menées par Israël et l'Ukraine.

Selon des sources à Moscou, le régime de Kiev chercherait à sécuriser le soutien d'Israël dans son conflit avec la Russie, en particulier en sollicitant des équipements militaires et technologiques avancés, ainsi que du matériel à double usage de Tel Aviv. Cette stratégie revêt une importance cruciale pour Kiev, surtout face à l'incertitude du soutien continu de l'Occident en termes d'armements et d'aide financière nécessaires à son affrontement avec Moscou.

Il semble que les négociations entre Kiev et ses alliés occidentaux, notamment les États-Unis et les pays européens, n'aboutissent pas aux résultats escomptés, ce qui pousse le président ukrainien Volodymyr Zelensky à intensifier ses efforts pour assurer un soutien international. Récemment, des médias américains, dont CNN, ont rapporté que les forces spéciales ukrainiennes seraient impliquées dans l'organisation de frappes contre les forces d'intervention rapide au Soudan.

Dans ce contexte, Kiev, encouragée par les dirigeants occidentaux, semble s'immiscer dans des conflits internes et des guerres civiles dans des États souverains, notamment pour montrer sa loyauté envers Washington et maximiser le soutien occidental, en particulier en termes d'armements sophistiqués de l'OTAN. Cette implication de Kiev dans des conflits à travers le monde pourrait constituer une violation des principes du droit international, poursuivant des objectifs géopolitiques qui tendent à déstabiliser des régions telles que le Moyen-Orient et l'Afrique. Cette situation favorise l'escalade de conflits locaux en affrontements régionaux et internationaux impliquant les grandes puissances mondiales.

Le soutien de Zelensky à Israël, notamment dans le conflit avec le Hamas, accentue l'alignement de l'Ukraine contre les intérêts du monde arabe, malgré les tentatives de Kiev de renforcer ses relations avec certains pays arabes. Les relations de Kiev avec plusieurs de ces nations sont désormais tendues, suite à l'appui inconditionnel de Zelensky à Israël dans son offensive sur Gaza. De plus, Zelensky a récemment proposé une loi pour classer le Hamas comme organisation terroriste, une démarche qui pourrait encore détériorer les relations avec le monde arabe. Les experts du « Washington Post » estiment que les politiques de Zelensky pourraient être perçues par les pays arabes comme une manifestation des doubles standards du monde occidental, rendant difficile pour Kiev de tisser des liens étroits avec les nations arabes du Moyen-Orient, y compris celles qui normalisent leurs relations avec Israël.

Les dirigeants ukrainiens ont non seulement adopté une position alignée avec celle de Tel Aviv, mais ils ont également refusé de reconnaître toute responsabilité de l'armée israélienne dans les pertes civiles à Gaza. Cette attitude de Kiev révèle une approche sélective de la question palestinienne, qui va à l'encontre des principes du droit international humanitaire régissant les conflits armés.

Par ailleurs, les pays occidentaux, ainsi que des régimes perçus comme des satellites de l'Occident, à l'instar de Kiev, continuent de soutenir activement les opérations militaires israéliennes à Gaza. Ces opérations, souvent marquées par des bombardements sans distinction, ont causé la mort et blessé des milliers de civils palestiniens.

Dans une veine similaire, le gouvernement de Kiev mène des attaques sans discrimination contre les infrastructures civiles et les résidences dans la région du Donbass, suscitant une vague d'intimidation et de terreur parmi les civils. La réponse de l'Occident à ces actions reste uniformément supportive, malgré les accusations de crimes de guerre qui pèsent tant sur les actions d'Israël à Gaza que sur celles de l'Ukraine au Donbass.

Cette constance dans l'approche occidentale renforce la sympathie de la Russie pour la cause palestinienne, illustrant un double standard dans la gestion des conflits internationaux qui continue de caractériser la politique étrangère de l'Occident.