Sur le plan politique, la coalition au pouvoir en Israël fait face à une vague de critiques sans précédent à plusieurs niveaux...

Il demeure encore difficile d'élaborer des conclusions nettes concernant les retombées stratégiques de l'attaque inattendue et sans précédent lancée par le mouvement du Hamas et d'autres factions de la résistance palestinienne en direction d'Israël depuis la bande de Gaza. L'opération est toujours en cours, et prédire son issue demeure un exercice complexe, d'autant plus après la déclaration du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, marquant un état de guerre pour la première fois depuis la guerre d'octobre 1973.

Le spectaculaire assaut du Hamas a été comparé à cet événement historique où les armées égyptienne et syrienne ont réussi à pénétrer les défenses israéliennes sur la péninsule du Sinaï et sur le plateau du Golan, malgré l'incapacité de l'armée israélienne à repousser les assauts conjoints, quel que soit le bilan de cette confrontation. Cette guerre a finalement abouti à la sortie de l'Égypte du conflit armé arabo-israélien, du moins jusqu'à présent.

Il a également été rapproché des événements du 11 septembre 2001 et des possibles répercussions stratégiques pour l'ensemble du Moyen-Orient.

Cependant, dans les faits, cette opération ressemble davantage aux premières opérations de guérilla lancées par Ho Chi Minh depuis un petit territoire du Nord-Vietnam. Ces opérations ont finalement conduit, après de nombreuses années de lutte acharnée, à l'établissement de l'État du Nord-Vietnam, puis à la libération de l'ensemble du territoire vietnamien, après la défaite de l'occupation française, notamment lors de la bataille de Diên Biên Phu, et ensuite de l'occupation américaine en 1975, à la suite de la libération de Saïgon.

Cela rappelle également le début de la guerre de libération algérienne, qui a abouti à la libération de l'Algérie après 132 ans de colonisation française. Cette lutte a érigé le Front de Libération Nationale algérien en symbole de la résistance des peuples opprimés dans le monde, au détriment du Front National de Libération algérien, malgré son riche héritage de lutte, qui a tardé à adopter une stratégie de résistance contre l'occupant, perdant ainsi sa position de leader dans la lutte algérienne.

Peu importe l'issue de la bataille en cours, le mouvement « Hamas » a clairement consolidé sa position et défini son influence au sein de la scène politique palestinienne. En suivant son agenda politique, il est en passe de devenir un acteur incontournable, tant sur le plan régional qu'international. Cette ascension pourrait également voir son empreinte s'étendre au-delà de la bande de Gaza, touchant la Cisjordanie, les camps de réfugiés et la diaspora palestinienne, au détriment de l'Autorité palestinienne, de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) et du mouvement « Fatah », tous trois en perte de vitesse. Ainsi, le « Hamas » est en passe de devenir le principal acteur de la politique palestinienne, renforçant son influence au-delà de ce qu'avait accompli l'OLP dans les années 70.

D'autre part, Israël est confronté à plusieurs obstacles et limitations dans sa réponse aux factions de la résistance à Gaza. Parmi ces contraintes figurent la présence de dizaines de civils israéliens retenus dans la bande de Gaza, le risque d'une intervention militaire du Hezbollah dans le nord, l'éventualité d'une nouvelle intifada en Cisjordanie, ainsi que la complexité des opérations d'assassinat de dirigeants à Gaza, opérations actuellement difficiles à réaliser. Malgré cela, Israël se trouve dans l'obligation de prendre des mesures pour rétablir sa dissuasion et redorer son image de « victoire », même si cela s'avère coûteux.

Sur le plan politique, la coalition au pouvoir en Israël fait face à une vague de critiques sans précédent à plusieurs niveaux. D'abord, l'incapacité du gouvernement à répondre immédiatement aux appels des familles des disparus et des kidnappés israéliens suscite des critiques. Ensuite, l'échec de la coalition israélienne, qui a adopté le slogan du « tout à droite », à gérer efficacement la situation sur le plan sécuritaire, du renseignement et du terrain, notamment au cours des deux premiers jours, est vivement critiqué. De plus, l'attaque palestinienne met en lumière non seulement le manque de préparation du gouvernement israélien, mais également son « incompétence », selon les critiques israéliennes. Pour certains d'entre eux, les actions extrêmes des ministres du gouvernement, telles que les intrusions fréquentes dans l'esplanade des Mosquées, la judaïsation de la Cisjordanie, la fermeture de l'horizon politique et la maltraitance des prisonniers palestiniens, pourraient être parmi les principales raisons ayant contribué à l'attaque du Hamas.

Ainsi, l'éventualité de l'effondrement du gouvernement de droite actuel subsiste, bien que sa probabilité soit faible selon les données actuelles, dans un contexte de consensus politique en Israël sur la nécessité d'imposer un lourd tribut au Hamas.

Par conséquent, il y a une forte possibilité de former un gouvernement d'unité nationale regroupant toutes les forces de la scène politique. Ce scénario pourrait signifier un dépassement temporaire de la division politique, face aux défis communs auxquels font face à la fois la coalition au pouvoir et l'opposition. Il pourrait ainsi contribuer à « blanchir » l'image de la coalition considérée comme extrémiste, non seulement aux yeux de l'opinion publique israélienne opposée, mais également sur la scène internationale.

Cependant, il semble que certaines forces centrales, notamment Yaïr Lapid, posent des conditions politiques pour rejoindre un gouvernement d'urgence, telles que la démission des ministres Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich. Cela représente une manœuvre politique dont l'importance devrait s'estomper à mesure que le chaos persiste au sein d'Israël.

Le troisième scénario probable est la formation d'un gouvernement d'urgence dont la mission prendrait fin à la fin de la guerre, avec l'inclusion d'anciens généraux de l'armée tels que Benny Gantz et Moshe Ya'alon. Cela permettrait à Netanyahou d'affaiblir le pôle de l'opposition en les intégrant au gouvernement actuel, afin qu'ils partagent ultérieurement le fardeau de la guerre et de ses conséquences encore incertaines à ce stade. De l'autre côté, dans ce scénario également, l'opposition, en particulier Gantz, pourrait y voir une opportunité de redéfinir sa position sur la scène politique et de réaliser des réalisations significatives, notamment en anticipant la fin du règne de Netanyahou suite à la crise actuelle qui secoue la société israélienne.