Plusieurs motifs incitent les grandes puissances à conclure des contrats avec ces entreprises pour mener des opérations militaires et de sécurité en dehors des champs de bataille traditionnels, donnant naissance aux "guerres par procuration".
Dans les missions les plus secrètes du monde, émergent des acteurs peu conventionnels : les entreprises privées militaires et de sécurité, des entités commerciales offrant une gamme complète de services dans les domaines militaire et sécuritaire. Leurs clients ? Des individus, des organisations ou même des gouvernements, souvent en étroite collaboration avec les services de renseignement. Cette idée novatrice a éclos dans les esprits d'officiers à la retraite, tous issus d'unités d'élite de leurs armées respectives. Leur particularité ? Une efficacité opérationnelle inégalée et une liberté vis-à-vis des contraintes bureaucratiques entravant les forces militaires traditionnelles. Leur structure ? Agile et adaptable, en opposition totale avec les organisations militaires classiques.
Ces entreprises dépendent de puissants investisseurs pour fournir l'équipement et la logistique nécessaires. Elles recrutent également d'anciens militaires aguerris aux opérations sur le terrain. Leur méthodologie englobe :
- La formation de civils à un niveau de compétence équivalent, voire supérieur, à celui des unités d'élite des forces armées classiques.
- Le recrutement d'anciens soldats d'unités d'élite en tant que mercenaires, dotés d'une expérience de combat avérée.
- La prestation de services de combat, de logistique et de formation aux forces armées régulières en dehors de leur pays d'origine.
- La création d'une nouvelle génération de mercenaires formés pour exécuter des missions allant du meurtre à la subversion, en passant par la propagation du chaos et des conflits, au service de puissances majeures.
Plusieurs motifs incitent les grandes puissances à conclure des contrats avec ces entreprises pour mener des opérations militaires et de sécurité en dehors des champs de bataille traditionnels, donnant naissance aux "guerres par procuration". Cela leur permet de nier toute implication en cas de révélation de leur rôle dans ces conflits, préservant ainsi leurs intérêts nationaux tout en minimisant l'impact psychologique sur l'opinion publique, en évitant de déployer leurs propres troupes.
Parmi les acteurs mondialement reconnus dans ce domaine, qui ont opéré dans des régions déchirées par des conflits tels que l'Irak, l'Afghanistan, la Syrie et diverses nations africaines, on trouve "Blackwater" et "Wagner".
Le cas de la société américaine "Blackwater" :
Fondée en 1997 par Eric Prince, ancien commandant des Navy SEALs de l'US Navy, cette entreprise est considérée comme une extension des forces armées américaines. Elle a signé de nombreux contrats avec le gouvernement américain, aux États-Unis et à l'étranger, notamment en Afghanistan et en Irak. Des scandales en Irak ont poussé l'entreprise à changer de nom en 2009, devenant "Xe Services", puis "Academi" en 2011.
Les revenus des mercenaires déployés en Irak variaient entre 500 et 1 000 dollars par jour, un avantage notable étant leur immunité contre les poursuites judiciaires aux États-Unis, contrairement aux soldats américains en service actif.
La société Blackwater, ayant conclu des contrats avec le gouvernement américain dépassant les 500 millions de dollars, a réussi à établir une base en Irak pour un groupe de mercenaires rassemblant près de 20 000 individus, équipés d'armement américain, incluant des véhicules blindés et des hélicoptères de combat.
Entre les États-Unis et la Russie
La rivalité entre les États-Unis et la Russie, sur la scène mondiale, se manifeste à travers diverses facettes, qu'il s'agisse de présence militaire régulière, de lutte pour l'influence ou de compétition sur les marchés internationaux. En plus de ces éléments, l'antagonisme entre Blackwater et la société Wagner prend de l'ampleur.
Il est important de noter que les individus aspirant à créer des entreprises de sécurité en Russie, notamment parmi les oligarques, doivent obtenir l'approbation du gouvernement russe. En réponse à ces demandes, le gouvernement a déclaré que de telles entreprises pouvaient contribuer aux intérêts nationaux de la Fédération de Russie sans nécessiter une intervention directe de l'État.
Le cas de la société russe "Wagner" :
La société russe Wagner, fondée en 2014 par Dmitry Utkin après sa retraite de l'armée russe, avec un soutien financier d'Evguéni Prigojine, un individu sans antécédents militaires ou de sécurité, semble être une adaptation de l'expérience américaine de Blackwater. On rapporte qu'Utkin occupait le rôle de leader militaire, tandis que Prigojine détenait le pouvoir réel. Utkin, un ancien officier du renseignement militaire russe surnommé "Wagner", avait dirigé l'unité d'opérations spéciales "Spetsnaz" de l'armée du renseignement militaire. La société Wagner, entourée de mystère, est considérée comme l'une des plus secrètes au monde, mais il est certain que tous ses membres sont d'anciens militaires professionnels. Elle a gagné en notoriété en participant à des opérations en Syrie, en Ukraine et actuellement en Afrique. Les mercenaires ayant opéré en Ukraine ont perçu des rémunérations allant de 200 à 500 dollars par jour.
Dans la nuit du 23 juin de cette année, le leader de "Wagner" a annoncé la perte de plusieurs de ses membres, conséquence de frappes russes orchestrées par les plus hautes instances russes contre les installations de "Wagner". Par la suite, "Prigojine" a émis l'ordre d'une attaque sur la ville de "Rostov", au sud de la Russie, près de la frontière ukrainienne, prenant ainsi le contrôle du poste de commandement avancé de l'armée russe. Le quartier général est tombé entre les mains de "Wagner" sans qu'aucun affrontement militaire n'ait eu lieu.
La gravité de la situation a poussé le Kremlin à réviser sa politique à l'égard de "Wagner". En réponse, le président biélorusse, Alexandre Loukachenko, a été chargé de résoudre le différend et de retirer les forces de Wagner de la ville de Rostov-on-Don, les renvoyant à leurs camps. Loukachenko a réussi dans cette mission, ce qui a ensuite conduit à une réunion entre le président Poutine, Prigojine, et certains dirigeants militaires de "Wagner".
Le mercredi 23 août 2023, l'agence de presse TASS a rapporté, citant le ministère russe des Situations d'urgence, qu'un avion privé s'était écrasé au nord de Moscou. L'Agence de l'Aviation Civile a annoncé qu'Evguéni Prigojine et Dmitry Utkin, accompagnés de huit autres personnes, dont un équipage de trois personnes, se trouvaient à bord de l'avion privé qui se dirigeait vers Saint-Pétersbourg.
Quel sera donc le devenir de "Wagner" après la disparition de son chef ?
"Wagner", considéré comme une force paramilitaire déployée dans de nombreux pays, est actuellement traité par la direction politique russe comme une entité d'intérêt national qu'il ne convient pas d'abandonner. Il est donc probable que le président Poutine nomme une personnalité militaire et/ou sécuritaire fiable et loyale au Kremlin pour diriger "Wagner" et respecter les directives qui seront établies par les autorités russes. Parmi les noms évoqués parmi les officiers à la retraite des forces d'élite de l'armée russe qui ont été proposés à Poutine, le colonel "Andreï Trochiv", surnommé "le Gris", se distingue. Il a travaillé avec "Wagner" en Syrie en tant que chef d'état-major des opérations militaires contre l'État islamique et le Front al-Nosra.
En conclusion, malgré les différences entre les deux sociétés, elles partagent le statut d'éléments essentiels de systèmes complexes ayant un impact significatif sur les pays où elles opèrent. Cependant, il est indéniable que chacune d'entre elles possède ses propres caractéristiques, son histoire et ses méthodes de travail distinctes.